05 janv. 2018

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Le Château Ramezay

Le Château Ramezay

Nul besoin de s’envoler vers la région de la Loire ou en Bavière pour se plonger dans l’univers des châteaux, car Montréal en possède son lot! Pensons notamment au théâtre Le château, magnifique exemple de palace Art déco dans le quartier Rosemont, aux appartements Le château sur la rue Sherbrooke, inspiré des luxueux blocs new-yorkais, ou encore au pittoresque Château de la crèmerie Chateaubriand, dont les tourelles pastel surplombent humblement le boulevard Crémazie. Il fut un temps où l’on édifiait même d’immenses palais de glace au square Dominion à l’occasion du carnaval d’hiver! Contrairement à ces colosses glacés, depuis longtemps fondus, nous pouvons encore admirer in situ le vénérable Château Ramezay, doyen des châteaux montréalais. Que peut nous révéler l’architecture de ce bâtiment tricentenaire devenu le premier musée d’histoire au Québec ainsi que le premier bâtiment patrimonial classé en 1929?Résidence familiale, hôtel, école normale, faculté universitaire, maison du gouvernement, foyer temporaire de révolutionnaires américains… Le Château Ramezay a affiché de nombreux visages et a été pendant longtemps un centre névralgique de la vie montréalaise. Son histoire débute en 1705, lorsque Claude de Ramezay, gouverneur de Montréal, se fait construire une vaste demeure digne de sa fonction officielle qui pourra combler les besoins de sa famille nombreuse – il a eu 16 enfants! La maison, entourée de jardins et de vergers, est située face au domaine des Jésuites, sur une petite bute qui, à l’époque, était le point le plus haut de la ville. Cédé à la Compagnie des Indes en 1745, le bâtiment original est détruit lors d’un incendie. Dans les années 1750, la Compagnie des Indes construit un nouveau bâtiment plus vaste au même emplacement, en conservant une partie des fondations et en récupérant la pierre demeurée intacte. Il s’agit de l’immeuble que nous avons sous les yeux aujourd’hui, qui a subi de nombreuses transformations, mais auquel on a tenté de redonner son esprit d’origine au cours du XXe siècle.Le Château – ayant plutôt l’apparence d’un manoir – présente dans sa volumétrie et ses matériaux des caractéristiques typiques d’une grande maison urbaine de la Nouvelle-France. Il comprend un étage de soubassement voûté, un rez-de-chaussée et un étage de comble. Les murs de moellons sont faits en partie de pierres des champs récupérées de la première maison disparue des Ramezay. Le toit à deux versants, percé de lucarnes à pignons, évoque les méthodes de construction en Nouvelle-France, mais ses faibles pentes reflètent plutôt une évolution technique postérieure. Les fenêtres rectangulaires au cadre en bois sont composées de petits carreaux de verre, plus aisément transportables en bateau à partir de la France. Les deux tourelles, ajoutées qu’en 1903, incarnent le style « château » très en vogue à l’époque.Si vous avez des yeux de lynx, vous pourrez observer sur la façade d’étranges pièces en fer adoptant une forme sinueuse rappelant la lettre «S». Il s’agit d’une série d’esses, des instruments servant d’ancrage propre à l’architecture en maçonnerie de pierres ou en briques, fixés dans les solives des planchers de l’étage. Aussi, si vous levez un peu la tête, vous apercevrez au sommet des tourelles une reproduction de la croix de l’ancienne église des Récollets.Profitez du temps des fêtes pour aller vous promener sur la rue Notre-Dame qui abrite plusieurs perles architecturales de Montréal, telles que l’hôtel de ville, l’ancien palais de justice et la Maison Maison Cuvillier-Ostell.