Maintenant que vous en savez plus sur les grandes aspirations qui ont motivé la construction du Marché Bonsecours au milieu du XIXe siècle, jetons un œil à quelques édifices plus modestes, mais tout aussi marquants, réalisés à la même période. Si vous n’aviez qu’un nom à retenir, c’est celui de John Ostell. À l’époque, il est l’un des architectes les plus prolifiques de la métropole. Son destin est d’ailleurs intimement lié au développement du quartier du Vieux-Montréal.
Nous vous présentons donc trois importantes réalisations encore visibles aujourd’hui dans le quartier.
En 1836, Ostell dessine la maison de la douane, un édifice de style néo-classique érigé tout près du port. Avec ses façades sobres et symétriques, ces éléments architecturaux élégants et une utilisation de la pierre de taille au fini lisse, ce bâtiment multifonctionnel rappelle les grandes villas italiennes. À cette époque, les activités commerciales et portuaires connaissent une croissance exceptionnelle. La maison de la douane marque, en quelque sorte, l’émergence de Montréal à titre de ville portuaire d’importance.
Façade de la rue Saint-Paul et façade latérale après l’agrandissement de 1882. ©Bibliothèque et Archives nationales du Québec
2015 | ©Kelly Jacob
Parallèlement à la construction de la maison de la douane, John Ostell réalise les plans pour le projet de rénovation de la façade d’un édifice multifonctionnel : la maison-magasin Cuvillier-Ostell. Abritant un magasin au rez-de-chaussée et des résidences aux étages supérieurs, l’architecte attribue des caractères différents à chacun des niveaux. Au rez-de-chaussée, les grandes vitrines du magasin nous invitent à y entrer. Avec ses larges fenêtres disposées sous de grandes arches, le deuxième niveau est également impressionnant. Beaucoup plus discret, le troisième étage présente une fenestration moins abondante et des éléments décoratifs plus sobres.
Le bâtiment et ses voisins, rue Notre-Dame, en 1910. ©Bibliothèque et Archives nationales du Québec
2006 | ©Denis Tremblay
En 1844, un concours d’architecture est lancé afin de concevoir le nouvel édifice qui allait servir de palais de justice, le premier ayant été détruit par un incendie. Remporté par John Ostell et son partenaire Henri-Maurice Perrault, le concours donne naissance à un bâtiment de forme classique dont l’un des éléments les plus impressionnants est sans contredit l’immense portique central orné d’imposantes colonnes ioniques. On procède à son agrandissement aussitôt qu’en 1890 en y ajoutant un étage ainsi qu’un dôme monumental.
Le palais de justice en 1895, peu après les travaux d’agrandissement. ©Bibliothèque et Archives nationales du Québec
2010 | ©Denis Tremblay
John Ostell est non seulement reconnu pour ces multiples réalisations dans le Vieux-Montréal, il a aussi été un acteur déterminant dans le développement de la métropole. Au cours de sa prolifique carrière, il a, entre autres, participé au développement industriel du canal de Lachine. Il a aussi contribué au développement du réseau ferroviaire en plus d’occuper le poste directeur de l’usine New City Gas, dont il est l’architecte, permettant ainsi l’éclairage au gaz des édifices du domaine public. En plus des très nombreuses églises qu’il a réalisées, nous lui devons le tout premier édifice de l’Université McGill, le Pavillon des arts. Bref, John Ostell nous a légué un héritage architectural aussi riche que diversifié qu’il nous est encore possible d’admirer aujourd’hui !