25 avr. 2019

Time 5 minutes

Foire papier, fais-nous rêver

Foire papier, fais-nous rêver

Vanessa Pilon est à nouveau porte-parole de Papier, elle qui court l’événement depuis plusieurs années déjà. Pour la première fois au Grand Quai, cette 12ème édition jouit d’un espace qui lui permet de réinventer sa proposition artistique. Vanessa revient sur la sélection 2019 qui s’annonce exceptionnelle et partage ses conseils pour profiter pleinement de la visite!

Nouvel espace, nouvelles expressions, même ADN

C’est la première fois que la foire Papier étend les œuvres présentées non seulement au papier mais aussi à des peintures, des sculptures, de la vidéo et des installations qui seront proposées au public. Au-delà du potentiel d’exposition créé par l’espace du Grand Quai, cette décision d’élargir la Foire aux artistes dont le support de prédilection n’est pas le papier est selon Vanessa une réponse à une double nécessité. “Je pense que cette ouverture permet de donner un meilleur portrait de l’art contemporain ici et de renouveler l’expérience pour le public, tout en gardant l’essence de la Foire puisque plus de la moitié des oeuvres proposées sont sur papier” souligne Vanessa avant d’ajouter : “d’année en année, les galeristes voulaient pouvoir présenter plus d’artistes et ne pas être limités à ceux qui avaient ce support de travail. Mais je crois que le public aussi, était prêt à ça.”

Un art contemporain très actuel

C’est la 2ème fois que Vanessa assure le rôle de porte-parole et on la connaît amatrice d’art. Depuis les dernières éditions, elle a noté une évolution des productions artistiques proposées, un écho aux mouvements sociaux et aux préoccupations citoyennes actuelles. “Je dirais que l’engagement politique est plus grand dans la pratique artistique je trouve qu’on voit des positionnements plus forts. Il y a aussi une présence accrue d’artistes femmes, d'autochtones, il y a une plus grande diversité culturelle.”

Ce reflet dans l’offre artistique aussi bien de la part des artistes qui créent que des galeries qui les exposent, ce choix de création et d’exposition en un sens, est très cohérent avec le contexte actuel selon la porte-parole. “Nous sommes dans un moment de changements, de questionnements et je pense que la pratique artistique a un sens quand elle est ancrée dans son époque. C’est ce qu’on ressent dans ce qui est présenté ici.” Mais le public a aussi un rôle a joué, dans ce qu’il veut voir, dans ce qu’il va aller chercher à la rencontre des oeuvres et des artistes et sur ce point, Vanessa n’échappe pas à la règle. “J’ai des oeuvres féministes à la maison, des oeuvres qui sont en cohérence avec mes valeurs et mon copain est très à l’aise avec ça. Moi je conseille vraiment d’aller voir les artistes qui résonnent avec nos valeurs.”.

Foire papier, fais-nous rêver

© Jean-Michael Seminaro

Visite intuitive ou préparée?

“La façon dont l’espace est organisé cette année c’est comme deux longs corridors où l’on serpente, ça nous permet d’avoir un point de vue d’ensemble des galeries. On peut toujours rechercher des galeries qui nous intéressent avant. Moi par exemple, j’essaie toujours de me faire un petit top 3 des oeuvres que je veux voir absolument pendant ma visite mais après, je vais au gré de ce qui m’émeut. J’aime que ma visite reste intuitive et surtout il faut se rappeler qu’on n’est pas obligé de tout voir!” s’exclame Vanessa.

D’ailleurs, cette année elle en a sélectionné un peu plus et propose plusieurs de ses coups de coeur tirés de cette édition 2019. “J’ai sélectionné 10 oeuvres de galeries différentes, qui seront exposées dans le 1er espace sur la gauche quand les gens rentrent. Ça donne un aperçu de ce que j’aime mais il y a tellement d’oeuvres qui me plaisent, c’est vraiment difficile de choisir!” explique la jeune femme.

Foire papier, fais-nous rêver

© Jean-Michael Seminaro

L’art, un bien nécessaire?

“Pour moi, il y a un aspect méditatif dans les arts visuels. Ça nous permet de prendre le temps, d’apprécier, de se laisser émouvoir. On est envahi par nos écrans, nos obligations et côtoyer l’art visuel, va contre cette logique. J’en parlais avec une amie justement de pourquoi on aime le Japon et on était d’accord sur le fait que dans ce pays les gens prennent le temps pour contempler les oeuvres, la nature. L’art visuel nous ramène à ça.” souligne Vanessa.

Mais la valeur des oeuvres va au-delà de la pause qu’on s’accorde à les contempler, au-delà des mots, l’art instaure un certain dialogue. “Je pense, avance Vanessa, que l’art visuel ça nous permet aussi de véhiculer des émotions, des messages, de transcender le langage de tous les jours. On peut s’arrêter, se questionner et pour ça, il n’y a pas besoin d’intellectualiser l’art”.

Au moment où elle nous accorde l’entrevue, Vanessa jette un oeil sur sa fille. “Elle regarde les toiles, elle en a dans ses aires de vie, elle est sensible à ça. Je la vois réagir aux couleurs, ça provoque quelque chose chez elle et pour moi c’est important d’élargir sa vision, de l’exposer régulièrement à l’art et j’espère de lui transmettre ma curiosité. Mais je ne m’attends pas à ce qu’elle aime les mêmes oeuvres que moi!” conclut Vanessa dans un éclat de rire. Voilà qui est dit, alors cette fin de semaine, prenons le temps et allons voir petits et grands, cet hymne impeccable à l’art contemporain, une foire sans ride, saufs peut-être celles d’expression.